Anri Sala / Šejla Kamerić 1395 Days without Red

[Arts Plastiques / Performance]

C’est un jour comme un autre. Un jour parmi ces 1395 jours de siège. Un jour où s’entrelacent la répétition habituelle de l’Orchestre Symphonique de Sarajevo et la progression d’une jeune musicienne qui traverse la ville assiégée pour rejoindre l’orchestre.
De même que les soucis de tempo brisent la répétition du premier mouvement de la Pathétique de Tchaïkovski, les carrefours de la ville, que le siège risque à tout moment de transformer en impasse, brisent l’allure de la jeune femme. Avant chaque carrefour, elle retient son souffle, s’arrête puis… traverse.
Après chaque carrefour elle retrouve son souffle puis… reprend sa marche.
Retenir son souffle, relâcher son souffle… Inspirer, expirer… Entre ces deux mouvements, autant de fragments de temps, des lambeaux de présent qui deviennent les
mesures d’une partition que la jeune femme fredonne et qui lui donne la force de continuer. Elle déchiffre cette partition à mesure qu’elle traverse la ville, elle déchiffre la ville à mesure que la musique traverse son esprit. Tout comme dans une partition improbable où deux instruments réagiraient à des stimuli différents, s’accordant l’un à l’autre, le fredonnement de la jeune femme et la musique de l’orchestre vont s’unir pour ne devenir qu’un seul air, l’air de la persévérance et de l’obstination contre tous les désespoirs.

Anri Sala
Albanais ayant vécu à Paris puis à Berlin, Anri Sala accorde un intérêt particulier au rapport entre l’image et le son, en explorant les multiples combinaisons d’accord et de simultanéité entre ces deux médiums.
Šejla Kamerić
L’artiste bosniaque Šejla Kamerić fait partie de cette génération d’artistes des Balkans qui dans leurs oeuvres révèlent le processus de désintégration des régimes postcommunistes et l’apparition de la violence liée à l’affirmation d’identités nationales. Elle développe une analyse critique de la destruction des relations entre l’individu et les systèmes politiques et sociaux qui se mettent en place mais aussi des phénomènes d’intolérances nationales.
Adolescente pendant la guerre, son travail explore des sentiments liés à la perte et à la mort tout en évitant les clichés de victimisation.