Oriza Hirata Les Trois Sœurs version Androïde

[Théâtre]

Qu’est-ce qui différencie un humain d’un robot ? À première vue pas grand-chose. Les progrès de la technique étant ce qu’ils sont. Intrigué, le dramaturge et metteur en scène Oriza Hirata, dont le théâtre flirte parfois avec la science-fiction, a voulu tester cette différence en apparence infime dans l’espace du plateau.
Deux de ses nouvelles créations, Sayonara ver.2 et Les Trois Sœurs version Androïde, ont été écrites non pas pour des robots, mais en intégrant l’existence d’androïdes dans la trame même du drame.
Dans ces deux spectacles, des comédiens en chair et en os se confrontent à l’un des leurs qui n’est autre qu’un robot. Une expérience qui n’aurait pas été possible sans le travail de haute précision ayant permis la réalisation d’un être baptisé « géminoïde », lequel, au lieu d’être animé par un moteur électrique, est mu par un actuateur pneumatique qui confère à ses mouvements un aspect plus humain – jusqu’à imiter la respiration, par exemple.
Pour Oriza Hirata, ce robot n’est pas un gadget, mais un élément déterminant de sa création. Dans Sayonara ver.2, des parents ont engagé un géminoïde pour prendre soin de leur fille atteinte d’une maladie incurable. Sur scène, un robot et une actrice se donnent ainsi la réplique. Dans Les Trois Sœurs version Androïde, l’action se déroule sur fond de crise sociale dans une petite ville du Japon. Une des sœurs morte a été remplacée par un androïde par son père chercheur en robotique de pointe. Avec cette adaptation, Oriza Hirata catapulte Tchekhov dans le futur  – un futur qui rappelle beaucoup nos préoccupations d’aujourd’hui.