Igor Stravinsky / Matthias Pintscher / Anton Webern Im Sommerwind / Chute d’étoiles / L’Oiseau de feu

[Musique]

Magistralement, Im Sommerwind et L’Oiseau de feu inaugurent, ou presque, l’oeuvre de Webern et celle de Stravinsky.
À l’été 1904, Webern, qui n’est pas encore l’élève de Schoenberg, compose à 21 ans sa première authentique partition d’orchestre, Im Sommerwind, à l’intersection du romantisme luxuriant de ses modèles d’alors (Mahler et Richard Strauss) et d’une concision qu’il adoptera bientôt.
Cinq ans plus tard, au cours de l’hiver 1909-1910, à Saint-Pétersbourg, Stravinsky entreprend à 27 ans son premier ballet, L’Oiseau de feu, dans lequel un jeune
prince, de sa pitié, terrasse un ogre aux griffes vertes, Kachtcheï. D’anciennes légendes russes, des contes de fées et le souvenir du Coq d’or de Rimski-Korsakov traversent ce « conte dansé », dont la brillance harmonique et orchestrale est devenue légendaire.
Chute d’étoiles s’inspire de l’installation monumentale qu’Anselm Kiefer, à qui l’oeuvre rend hommage, réalisa en 2007 au Grand Palais, oscillant entre un temps de la création et un temps de la ruine.
Le compositeur et chef d’orchestre Matthias Pintscher en retient la spectaculaire puissance du matériau et, au-delà de la pesanteur de la pierre et du plomb, sa souplesse et sa malléable clarté.
Comme un écho lointain de l’origine du monde, d’une catastrophe première, sinon du big bang, l’oeuvre, éruptive, et délivrant de luxuriantes énergies, s’ouvre sur une détonation. Celle-ci, peu à peu, sera domptée, fissurée, voire percée par un duo de trompettes au visage double de Janus, ambivalent.