Clara Iannotta
Mark Andre
György Ligeti
Wolfgang Rihm

[Musique]
En tressant un programme alternant les nouvelles œuvres de Clara Iannotta et de Mark Andre avec celles déjà historiques de Wolfgang Rihm et de György Ligeti, le Quatuor Arditti offre une variation sur les palettes expressives propres aux quatuors composés de nos jours.
Clara Iannotta s’appuie sur une phrase d’un poème de Dorothy Molloy, dead wasps in the jam-jar. L’image de « guêpes mortes dans le pot de confiture » peut paraître pittoresque, mais elle doit engager un rapport autrement littéral à la pâte sonore. Pour la compositrice, une surface n’est rien de plus qu’un concours de réflexions. D’où l’envie d’y goûter.
En dialogue permanent avec les possibilités expressives de la formation, les compositions pour quatuor se chargent méthodiquement d’en varier les ressorts : le quatuor que Wolfgang Rihm compose en 2011 (son treizième) amplifie l’individualisation des quatre lignes par une exploitation panoramique – une sérialisation ? – des modes de jeux et d’accentuation. Ce qui installe un climat de lutte, une force de nécessité dans la tension. Au point que la tentation d’épuiser les possibles peut prendre une charge spirituelle. Quand Mark Andre inscrit ses Miniaturen für Streichquartett (iv 13) dans son cycle de musique de chambre et soliste, « iv », il l’entend à la fois comme un acronyme d’i(ntro)version et d’i(ntra)véneuse, et cherche ici à faire une typologie des modes de disparition du son : ces « iv 13 » reviennent sur la disparition de Jésus de Nazareth pendant les épisodes Noli me tangere (Jean 20, 11-18) et Souper à Emmaüs (Luc 24, 13-35). Ce programme est complété par le Quatuor nº2 composé en 1968 par György Ligeti, où une plage pointilliste est suivie d’un temps pour les gestes violents, alors que les pizzicati font ensuite l’objet d’un mouvement dédié.