Hugues Dufourt Les Continents d’après Tiepolo

[Musique]

Avec ses violences éruptives, l’élégance de ses déferlements, la singularité de ses timbres rares, mais aussi la mélancolie de teintes parfois livides, l’œuvre de Hugues Dufourt est celle d’un maître de l’émergence et des alliages instrumentaux, desquels surgit une lumière inouïe.
« Mon œuvre musicale est mon musée imaginaire. Un tableau n’est pas le prétexte ou l’occasion d’un commentaire coloriste, mais un problème de technique picturale, d’invention, et une manière de mieux formuler mes propres interrogations compositionnelles », dit Hugues Dufourt. Seize ans après le Cycle des Hivers, d’après Poussin, Rembrandt, Brueghel et Guardi, ce concert présente un nouveau cycle sur d’autres peintures essentielles de l’histoire de l’art.
Entre 1752 et 1753, en un peu plus de deux cents jours, Tiepolo décora pour Balthasar Neumann, l’architecte majeur du baroque tardif allemand, l’immense et splendide voûte de l’escalier d’honneur de la Résidence de Würzburg. Ses fresques monumentales et allégoriques mettent en scène l’Olympe et les quatre continents alors connus. Hugues Dufourt voit dans ces continents de Tiepolo un « théâtre de la lumière » et comme une préfiguration de l’art poétique du XXe siècle et d’aujourd’hui. Une vision télescopée, souvent sombre, aux perspectives multiples, avec torsions, encastrements, enchevêtrements et autres éléments prémonitoires de ce que sera l’art contemporain. Un art dominé par le cinématographe, dont Tiepolo avait pressenti les techniques qu’anticipent ses perspectives et ses montages de peinture, brisant les structures homogènes de l’œuvre, à la faveur de la juxtaposition ou de la simultanéité.

 

Public aveugle et malvoyant : Concert naturellement accessible