Enrique Diaz OTRO (or) weknowitsallornothing

[Théâtre]

Comment approcher la question de l’autre ? En dessiner les contours, en révéler la part d’imaginaire, de fantasme ? Et d’ailleurs, l’autre existe-t-il ? C’est en partant d’un travail documentaire sur le tissu de l’expérience subjective que les membres du Coletivo Improviso ont cherché à cerner cet « autre » lointain et familier. Voisins, proches, inconnus appartenant au paysage quotidien – ces visages transportent un monde d’habitudes et d’anecdotes : objets, habits, manières d’être. Élargissant leur champ d’observation, suivant des trajets dans la ville, le groupe a patiemment collecté puis traité matériaux et témoignages, extrait des signes, brodé entre elles des histoires, inventé des personnages restituant les parcours des individus rencontrés.
OTRO (or) weknowitsallornothing est le résultat de ce va-et-vient constant entre moi et l’autre, réalité et fiction. Sur scène, chaque interprète est un trait d’union : l’articulation d’un corps, d’une voix, et des intrigues banales, épiques ou mystérieuses qu’ils ont prélevées. Pièce de théâtre ouverte, cartographie intime et sociale, OTRO renvoie l’altérité à une fabrique constante.
L’espace urbain et la place que l’individu y occupe sont des thèmes récurrents dans le travail du Coletivo Improviso, rencontre d’artistes, dont Enrique Diaz et Cristina Moura, fondée sur la pluridisciplinarité et l’improvisation. Comme dans Não olhe agora, leur précédente création présentée en France en 2005, leurs explorations les amène à repenser les étapes de la construction théâtrale, et à redéfinir sa place dans le monde contemporain.
La singularité des propositions d’Enrique Diaz provient d’une jonction entre travail sur le texte, le corps, et processus de recherche collectif. Ses mises en scène sont souvent des mises en abîme, exposant la structure même du jeu – comme Seagull Play (d’après La Mouette de Tchekhov) ou Répétition. Hamlet, toutes deux présentées au Festival d’Automne à La Ferme du Buisson dans le cadre du Festival TEMPS D’IMAGES (et, pour Répétition. Hamlet, au Théâtre de la Cité internationale). Cristina Moura, qui a participé à ces deux projets, intervenant sur les questions de mouvement et de corporéité, mène par ailleurs une carrière internationale en tant que danseuse et chorégraphe (Like an Idiot, solo, 2005).