Jennifer Allora / Guillermo Calzadilla Hope Hippo / Apotome / 3

[Arts Plastiques / Performance]

Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla vivent à Puerto Rico et réalisent des oeuvres qui peuvent prendre la forme de sculptures, vidéos ou performances mais qui ont toujours le contexte sociopolitique comme point de référence.
Depuis plusieurs années, ils s’intéressent au rôle de la musique dans les premières organisations sociales de l’homme. Le film Raptor’s Rapture, présenté en 2012 à la Documenta de Kassel, avait pour sujet une flûte réalisé par l’Homo Sapiens il y a 35 000 ans à partir des os d’une aile de vautour. Dans la continuité de cette recherche, le projet pour le Festival d’Automne à Paris a été pensé à partir des incroyables collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
Le premier film, Apotome, est centré autour de Hans et Parkie, deux éléphants arrivés au Muséum en 1798 comme prise de guerre. Les investigations menées par Allora et Calzadilla leur ont permis de découvrir qu’un concert avait été donné au Jardin des Plantes en mai de la même année, à l’intention exclusive des éléphants, pour mesurer scientifiquement les effets de la musique sur les animaux.
Ils ont fait rejouer ce concert à partir des choix musicaux de l’époque par Tim Storms – l’homme à la voix la plus basse au monde – qui chante devant les squelettes des éléphants conservés par le Muséum. Sa voix a une fréquence que seul les éléphants sont en mesure d’entendre.
Dans un autre film, ils prennent pour sujet la célèbre Venus de Lespugue sculptée dans de l’ivoire de mammouth.
En réponse à la composition géométrique et abstraite, un violoncelliste interprète musicalement l’objet préhistorique en utilisant les proportions de la Vénus comme partition musicale.
Ces films – présentés à la Galerie Chantal Crousel –, s’ils ont une dimension anthropologique, sont également une réflexion sur la création d’un espace sensible, sur notre relation au monde vivant et aux origines de la création.
L'installation Hope Hippo, présentée à la biennale de Venise en 2005, sera par ailleurs réactivée dans la grande galerie de l’évolution du Muséum.