Karlheinz Stockhausen Trans / Bassetsu Trio / Menschen Hört / Unsichtbare Chöre

[Musique]

En 1970, Karlheinz Stockhausen triomphe à l’Exposition universelle d’Osaka, où un ensemble de solistes interprète quotidiennement ses oeuvres devant près d’un million de visiteurs en quelques mois. Peu après son retour en Allemagne, la nuit du 9 au 10 décembre, il rêve un nouvel opus, Trans, et en note, au réveil, l’image primordiale : des alignements d’instrumentistes à cordes, assis, face au public, sur toute la largeur du plateau, et derrière lesquels se placent quatre groupes de vents et de percussions.
Comme le rideau d’un théâtre sonore qui tantôt s’ouvre tantôt se referme sur une scène splendide de gestes, de mélodies et de traits colorés. Stockhausen y conserve aussi en mémoire un métier à tisser, dont il avait auparavant écouté la mécanique à Bali, ou encore, plus secrètement, des aiguillages ferroviaires d’autrefois.
Trans porta un temps le titre Jenseits (Au-delà), méditation sur l’« autre côté », là où serait une musique totale, de relations et de mystères. Avant Menschen hört (Hommes, écoutez), avant les Unsichtbare Chöre (Choeurs invisibles), qui chantent en hébreu et en allemand des versets du Testament de Moïse, de l’Apocalypse syriaque de Baruch et du Testament de Lévi, et avant la plupart des fragments du vaste cycle Licht, parmi lesquels Bassetsu Trio, l’oeuvre, toute d’expansions et de rétractations, respire. Comme  les années, les mois, les jours et les heures scandent le temps de l’univers, respirer, nous enseignait Stockhausen, donne la vie.