Lia Rodrigues Piracema

[Danse]

Depuis l’expérience d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes, depuis celle de François Tanguy à la Fonderie du Mans, on sait à quel point une oeuvre artistique peut être étroitement liée au contexte politique, géographique et social dans lequel elle émerge.
Depuis 2007, chacune des chorégraphies de la brésilienne Lia Rodrigues témoigne ainsi de la vie turbulente et profondément engagée du Centro de Artes da Maré – un lieu de création, de formation, d’émancipation, inventé dans un hangar démuni de tout confort technique et rafistolé par les danseurs eux-mêmes.
Soit un espace culturel original comme il est rare d’en trouver au coeur des favelas de Rio de Janeiro.
Le Centro de Artes, que Lia Rodrigues espère à l’image de son art, « continuellement en chantier », donnait déjà un souffle singulier à Pororoca, une oeuvre présentée lors de l’édition 2009 du Festival d’Automne à Paris.
Cette chorégraphie de groupe, inventée au terme de séances d’improvisations, poétisait déjà les articulations entre sphère individuelle et sphère collective, selon un mouvement qui partait du chaos chorégraphique le plus sourd pour dessiner, peu à peu, de multiples modalités de rencontre et de structuration sociales. Dans sa nouvelle création, Lia Rodrigues a demandé à onze danseurs d’improviser à partir d’épisodes vécus ou fantasmés de leur vie personnelle.
Une nouvelle façon pour elle de condenser des images proliférantes de la vie en société, et d’en révéler, aux confins du rêve, le désordre apparent et l’équilibre fragile.