Lundestam Barbro Schultz Nine Evenings : Theatre and Engineering

[Cinéma]

Barbro Schultz Lundestam est suédoise. En 1989, elle rencontre Julie Martin dont le mari Billy Klüver était ingénieur chez Bell Telephone. En 1966, sous son impulsion, les créateurs les plus engagés du New York des années 60 et trente techniciens de pointe travaillèrent pendant huit mois à la réalisation d’une série de performances soutenues chacune par un dispositif technique conçu spécialement pour ces événements. Certains de ces dispositifs donnèrent lieu à des innovations : le micro cravate, le circuit télévision en boucle, la caméra vidéo, la caméra infrarouge, télécommande sans fil. Il y eut 9 soirées. Ainsi naquit la réalité et la légende de Nine Evenings.
Ces événements à l’allure surréaliste eurent lieu dans la caserne militaire désaffectée du 69e régiment à New York, à l’Armory. Parmi ces artistes, certains d’entre eux faisaient partie du mouvement de la Judson Church, inspirés notamment par les théories aléatoires de John Cage.
Des peintres tels que Robert Rauschenberg, Öyvind Fahlström, mais aussi des musiciens tels que David Tudor, John Cage, des danseurs, Lucinda Childs, Steve Paxton, Alex Hay, Yvonne Rainer, Deborah Hay, composent ce groupe éclectique et électrique.
Un cameraman, M.Shilinng, suivit ces Nine Evenings. C’est à partir de ces images retrouvées quarante ans plus tard par Julie Martin dans une cave à Manhattan que Brabro Schultz composa cette dizaine de films, que nous verrons pour la première fois intégralement à la Cinémathèque française, dans le cadre des grands événements de la Cinémathèque de la Danse. Ces images sont non seulement passionnantes, bouleversantes, mais elles demeurent les seuls témoignages visuels de ces événements où une poignée de pionniers allaient transformer la création chorégraphique contemporaine, sur les pas de Merce Cunningham et sous la houlette d’Yvonne Rainer, dont l’influence aujourd’hui encore se fait sentir.
Barbro Schultz Lundestam, loin de se pencher uniquement sur le passé réactualise ces archives en les éclairant par des témoignages de ces mêmes artistes qu’elle recueille avec sa caméra quarante ans plus tard. En ceci non seulement elle fait œuvre de mémorialiste mais agit en tant qu’auteur.
Chaque film prend alors la forme d’un bouquet composé de fleurs du présent et de celles du passé, entremêlées, avec art et rigueur.