Marcelo Evelin Matadouro

[Danse]

Dans Hautes terres, le romancier brésilien Euclides da Cunha raconte la rébellion au XIXe siècle à Canudo d’une communauté séparatiste en quête de justice sociale. Ce
livre est le point de départ de Matadouro (abattoir), chorégraphie conçue pour huit interprètes par Marcelo Evelin.
Privilégiant une gestuelle simple, le spectacle installe une
bataille silencieuse tandis qu’en fond sonore résonnent les notes du Quintette à cordes en do majeur de Schubert.
La nudité des danseurs – dont le visage est masqué – souligne leur vulnérabilité mais aussi leur volonté d’affirmer une liberté qui leur est déniée. Ils se démènent dans une course sans fin vouée à se transformer progressivement en lutte contre l’épuisement qui les guette ; évoquant au passage un rituel énigmatique où il s’agirait de triompher de soi-même autant que d’un ennemi à la fois absent et omniprésent tant il pèse sur ces corps emportés dans l’effort. Car ce qui est en jeu dans cette lutte effrénée – qui dans le roman se termine par un massacre –, c’est l’identité même de ceux qui cherchent à s’affranchir du joug qu’on leur impose – contre l’esclavage, contre le clergé, contre les soldats.
Matadouro est le troisième volet d’une trilogie entamée avec Sertao (2003) puis Bull Dancing (2006).
Après avoir vécu plusieurs années en Europe, Marcelo Evelin est retourné au Brésil où il réside désormais une partie de l’année tout en continuant d’enseigner la composition et l’improvisation aux Pays-Bas à la Amsterdamse Hogesschool voor de Kunsten.