Hilda Paredes / Jorge Torres Sáenz / Mario Lavista Musique d’aujourd’hui

[Musique]

Il ne faut chercher chez Hilda Paredes et Jorge Torres Sáenz nulle mexicanité, au sens de cette sensualité colorée stéréotypée, mais bien plutôt un rapport étroit au verbe poétique du Mexique et à l’avant-garde européenne – Jorge Torres Sáenz a étudié à Paris, et Hilda Paredes vit désormais en Angleterre. Née à Tehuacan, dans l’État de Puebla, celle-ci n’en renie pas pour autant ses racines et engage vis-à-vis des multiples cultures mexicaines, indigènes et populaires, une réflexion critique qui mêle étroitement imaginaire et politique, le tout dans une écriture d’une précision et d’une épure remarquables.
Convaincue que la langue que parle un compositeur modèle sa musique, Hilda Paredes aime à travailler la voix dans toutes
ses singularités expressives.
Dans Canciones lunáticas, sur des poèmes de Pedro Serrano (né en 1957), celle du contre-ténor Jake Arditti semble s’affranchir de toute raison. Dans Altazor, d’après le poète créationniste chilien Vicente Huidobro (1893-1948), c’est avec le baryton Guillermo Anzorena et les outils d’informatique musicale de l’Ircam que la compositrice poursuit son exploration phonétique de la langue.
De son côté, Jorge Torres Sáenz se décrit comme un musicien philosophe (et vice versa). Tirant son inspiration de ses lectures de Wajdi Mouawad ou de Dante, il recherche la coexistence entre l’image poétique et les sensations acoustiques, et se joue de la mémoire, qu’elle soit intime ou anhistorique.
Éminent pédagogue – Hilda Paredes et Jorge Torres Sáenz sont tous deux passés par sa classe –, Mario Lavista est sans doute en partie responsable de la richesse de cette nouvelle génération : il lui a ouvert les portes de la nouvelle musique, par son enseignement comme par sa musique.