Nikolaï Obouhov / Boris Filanovsky / Valery Voronov / Galina Ustvolskaya Istztuplenie (Extase), d’après Le Livre de vie...

[Musique]

En marge des avant-gardes autorisées et des gardes officielles s’étend l’univers méconnu des talents singuliers. C’est là que l’on trouve Nikolaï Obouhov (1892-1954), personnage à l’aura mystérieuse, perdu dans les limbes d’une incompréhension quasi-totale de son œuvre, et qu’ont exhumé il y a déjà quelques années Reinbert de Leeuw et Elmer Schönberger. S’engouffrant dans la brèche ouverte par Alexandre Scriabine, ce Russe de naissance et français d’adoption pousse à l’extrême une réflexion pour le renouveau du langage musical. Il a notamment inventé un système de notation et élaboré, près de dix ans avant Schoenberg, sa propre technique d’écriture dodécaphonique. Il laisse un chef-d’œuvre monumental et lacunaire, Le Livre de vie, dont les velléités mystiques nourrissent encore sa légende.
C’est également là qu’on trouvera Galina Ustvolskaya, sa cadette de 17 ans, dont le texte religieux sous-jacent à son œuvre a toujours su rester suffisamment discret pour ne pas attirer les foudres du régime, malgré des idées musicales radicales. Éminente pédagogue, Galina Ustvolskaya a, peut-être plus qu’aucun autre compositeur de sa génération, servi de modèle et d’inspiration à la jeune avant-garde russe postsoviétique. À commencer par Boris Filanovsky, dont le style rude et déclamatoire porte encore aujourd’hui son empreinte, et Valery Voronov, qui tracent résolument leurs routes dans un paysage musical russe tombé en friche en ce début de XXIe siècle.