Raimund Hoghe Pas de Deux

[Danse]

Entre introspection et vertige historique, l’oeuvre de Raimund Hoghe poursuit une entreprise de relecture contemplative du patrimoine chorégraphique. Interrogeant sa force d’attraction, ses zones d’ombre, déplaçant blocs de mémoire et ritournelles, ses créations étirent l’espace et le temps, et font du corps une caisse de résonance ouverte à la rencontre. Boléro Variations, L’Après-midi ou encore Si je meurs laissez le balcon ouvert sont autant de points, dessinant en pointillés une histoire de la danse peuplée de fantômes, résonnant de refrains – où des rituels minimalistes restaurent un territoire d’écoute et d’attention à l’infime, à la présence, à la durée.
Avec Pas de deux, c’est une structure chorégraphique que Raimund Hoghe a choisi comme point d’ancrage : dans la tradition classique, le « pas de deux » représente l’apogée virtuose du ballet, l’instant où le couple d’étoiles brille de tous ses feux. Faisant un pas de côté vis-à-vis du canon classique et de son caractère spectaculaire, il se saisit de ce pas pour revenir au plus nu de la relation à l’autre, et laisser affleurer sur scène toutes les nuances de l’être à deux. Entre Raimund Hoghe et Takashi Ueno – jeune danseur japonais formé au butô –, des différences : d’âge, de corps, de trajectoires. Mais aussi un espace partagé où va se construire leur dialogue, comme une suite de rapprochements et d’écarts. La circulation d’objets, de musiques, de gestes, de références culturelles. Deux corps et leurs mémoires, la matérialité de la peau, la présence des visages. Un pas de deux, à deux, pour deux.