CocoRosie / Robert Wilson Peter Pan

[Théâtre]

Qui ne connaît l’histoire de Peter Pan, l’enfant qui entend bien le rester ? Robert Wilson s’en empare avec le concours, pour la musique et les songs, de deux adorables sirènes sexy – les soeurs Bianca et Sierra Casady, unies sous le charmant patronyme de CocoRosie. Il en donne une version bilingue – anglais et allemand – littéralement inoubliable. Son Peter Pan est un long jeune homme, qui tient plus de David Bowie que du bambin joufflu. Robert Wilson a retenu la version de l’écrivain Erich Kästner (1899-1974), auteur d’Emile et les détectives, roman célèbre en terres germaniques. Il avait traduit la pièce que James Matthew Barrie (1860-1937) avait tirée de son propre conte.
Les acteurs du Berliner Ensemble, tous virtuoses émérites, prennent un malin plaisir à habiter le Pays de Nulle Part, où sévit le terrible capitaine Crochet, où bâille le méchant crocodile qui donne l’heure car il a avalé une pendule et où les Peaux-Rouges de la tribu des Négritos côtoient la bande des Enfants perdus en perpétuelle demande de mères, tandis que la vibrionnante fée Clochette électrise son monde et qu’on voyage sur des nuages poussés à bras…
La succession de tableaux enchanteurs, au fil de laquelle on peut repérer des signes récurrents dans l’art de Wilson, entre autres une ampoule électrique géante héritée d’Edison, vous méduse et amuse dans l’âme, faisant de cette comédie musicale – où l’humour le dispute volontiers à l’effroi – un conte pour adultes exquisément pervers et
polymorphe.