Rodrigo García Gólgota picnic

[Théâtre]

Artiste hors norme, Rodrigo García a l’art de se soustraire aux définitions dans lesquelles on tente de l’enfermer. C’est qu’il fait feu de tout bois : auteur, metteur en scène, vidéaste, il transforme la scène en un lieu où la poésie prend le réel à bras le corps, sans ménagement ni concession. Le nom de la compagnie qu’il crée à Madrid en 1989 annonce la couleur : La Carnicería Teatro (La Boucherie Théâtre).
Chacun de ses spectacles procède au dépeçage systématique des rituels que la collectivité a mis en place, pour mieux dévoiler le désarroi des individus qui la composent. Dans sa dernière création, c’est au sommet du Golgotha qu’il nous convie, pour un pique-nique qui nous ramène aux sources de l’humanité et de l’écriture.
Au commencement de l’humanité, il y a la chute. Et au commencement de l’écriture, il y a la Bible. Dans Gólgota picnic, Rodrigo García revisite les Saintes Écritures et l’« iconographie de la terreur ». Il multiplie les images, dédouble les perspectives, nous invite à observer la scène de différents points de vue, à ne pas nous fier aux apparences, à ne pas être de simples consommateurs d’art, questionnant ainsi la notion même de spectacle. Pour Rodrigo García, la scène est tout sauf un espace convenu, le théâtre est un risque permanent.
Quand les comédiens se taisent, les silences prennent corps dans une composition musicale, Les Sept Dernières Paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn, interprétée par le pianiste Marino Formenti. « Sautez dans le vide du silence et de la solitude et profitez du recueillement. »