tg STAN Le tangible

[Théâtre]

Qu’ils travaillent sur Witold Gombrowicz, Arthur Schnitzler, Thomas Bernhard, Jean Cocteau ou Georg Büchner, les acteurs de tg STAN racontent souvent une double histoire : celle de l’auteur d’une part et celle d’une rencontre entre artistes de l’autre. Depuis 20 ans que ce collectif, né à Anvers, propose à l’international son répertoire multilingue, il place la singularité du parcours individuel du comédien comme une donnée essentielle du récit.
À cet égard, leur nouvelle création le tangible est exemplaire. Constituée de fragments de poèmes du palestinien Mahmoud Darwich et de la libanaise Etel Adnan, de récits du britannique John Berger et du palestinien Mourid Barghouti, cette création trilingue anglais-arabe-français réunit sur scène des invités de tg STAN issus de zones géographiques variées. Des danseuses de Stavanger, de Toronto et de Gênes, des comédiens de Damas, de Naplouse et d’Anvers, des vidéastes de Ramallah se fédèrent ainsi autour d’un même épicentre : la région moyen-orientale, et particulièrement cette zone en forme de croissant de lune que l’on nommait le Croissant Fertile – « The Fertile Crescent » ou « Al Hilal Al Khaseeb » – et qui englobait jadis la Mésopotamie et l’Égypte ancienne.
« Comment, sur scène, aborder les conflits moyen-orientaux sans sombrer dans le paternalisme ou le néo-orientalisme ? » s’interrogent-ils ensemble. Sans doute, en amarrant cet imposant sujet à la poésie plus abstraite de la perte, des exils et des retours. Le Croissant Fertile devient ainsi un foyer poétique aux frontières du mythe et du documentaire, ouvert aux tentations archivistes d’individus réunis pour une grande « déclaration d’amour au berceau de la civilisation ».