Trois questions à Naomi Kawase

D’où vient votre cinéma ?

Naomi Kawase - De nouvelles visions naissent de l’interaction de mes « souvenirs », des paysages que j’observe et des faits et réalités que je rencontre. Elles peuvent être très vagues, composées de formes et de couleurs distinctes, ou bien encore être des histoires insignifiantes. Puis, je convertis ces visions en images concrètes. « Filmer » est, pour ainsi dire, un travail de traduction. Pour concrétiser les images surgies, il est nécessaire de « diriger ». Souvent, quand j’ai des désirs pour la direction, je n’arrive pas à me défaire des visions surgies. J’essaie de ne pas trop privilégier la direction et au contraire de m’efforcer de me rapprocher de l’intuition et de l’exaltation du moment où ces visions ont « surgi ».

Comment vos films, home movies, fictions et documentaires communiquent-ils entre eux ?

Naomi Kawase - J’aborde parfois la vérité que je traite dans mes documentaires en ayant conscience de ma subjectivité et avec mes sens. À partir du moment où mon « regard » intervient on peut dire qu’il s’agit de fiction. Puis, comme je l’ai dit dans ma réponse à la première question, j’attache une grande importance à l’intuition et à la réalité. C’est pour cela que je réalise mes fictions avec une démarche très proche de celle que j’utilise pour mes documentaires. Comme le montre ma filmographie, mes films et mes documentaires s’influencent mutuellement. On peut observer que chaque œuvre de fiction est suivie par un documentaire ayant le même thème.

Vous présentez vos toutes premières installations au Centre Pompidou. Comment les avez-vous conçues ?

Naomi Kawase - Je me suis beaucoup inspirée de Nara, ma ville natale. Et, à l’instar de mes films, j’ai mis l’accent sur la vie, le genre humain, les liens. De manière plus générale, c’est un hommage au « cinéma » et aux « images ». Un film, c’est la sublimation en un « récit » d’un grand flot composé par chaque idée dissimulée dans les vingt-quatre images qui défilent. 


Propos recueillis par les Cinémas du Centre Pompidou, mai 2018