Jonathan Châtel Andreas

D’après la première partie du Chemin de Damas d’August Strindberg

[Théâtre]

Avec Petit Eyolf, sa première mise en scène, Jonathan Châtel avait frappé fort – et, surtout, juste. À la fois sombre et éblouissante, minimaliste et puissamment contemporaine, sa  relecture du chef-d’œuvre d’Ibsen avait valu au jeune metteur en scène franco-norvégien de remporter le Prix du Public au Festival Impatiences en 2013.
Avec Andreas, il s’attaque aujourd’hui à l’autre éminence grise du théâtre scandinave : August Strindberg. Un massif qu’il aborde par son sommet peut-être le plus escarpé : Le Chemin de Damas, monumental triptyque composé entre 1898 et 1904 par un écrivain en pleine crise, raconte peut-être, comme l’épisode biblique du même nom, l’histoire d’une conversion. De cette pièce labyrinthique et paranoïaque, Jonathan Châtel a choisi de ne retenir que la première partie, « car elle porte en elle la pureté du mouvement d’écriture, l’élan le plus entier et le plus naïf ». Il a décidé de donner un prénom au personnage de l’Inconnu qui en est le « héros », pour accuser le trait de cet « autoportrait et autocritique d’un homme en chute libre ». Autour de Thierry Raynaud, les comédiens gigognes donnent chair à cette « foule de doubles et de demi-doubles, de jumeaux et de demi-jumeaux » (Arthur Adamov), cette galerie de masques et de glaces auxquels se cogne l’écrivain inconsolé qui, lui, est peut-être un double de nous-mêmes.