El Conde de Torrefiel La posibilidad que desaparece frente al paisaje

[Théâtre]

Depuis 2010, El Conde de Torrefiel agite les scènes de la péninsule ibérique avec des spectacles décapants orchestrés par les deux fondateurs de cette jeune compagnie : Pablo Gisbert et Tanya Beyeler. Adepte de l’hybridation des genres et des formes de représentation du réel – théâtre, danse, musique, vidéo, narration –, El Conde de Torrefiel franchit avec La posibilidad que desaparece frente al paisaje une nouvelle étape, plus proche de l’abstraction : images, corps et texte semblent ne plus se répondre, mais leur confrontation finit par être lourde de sens. Le spectacle propose un tour d’Europe en dix villes choisies en fonction de l’imaginaire qu’elles sont susceptibles de véhiculer : Madrid, Berlin, Marseille, Lisbonne, Kiev, Bruxelles, Thessalonique, Varsovie, Lanzarote et Florence. Quatre interprètes et une voix off viennent peupler ces dix paysages, multipliant les points de vue sur l’Europe d’aujourd’hui et l’histoire dont elle est chargée. Il se dessine une ligne horizontale entre la carte et le territoire, qui révèle la barbarie enfouie sous la beauté et la quiétude visibles à l’œil nu, qui dit l’extrême passivité occultée par la vaine activité de nos vies quotidiennes. Qu’ils soient attribués à des anonymes ou à des intellectuels et artistes célèbres considérés comme « fétiches culturels » (Michel Houellebecq, Paul B. Preciado, Spencer Tunick, Zygmunt Bauman, entre autres), les mots donnés à lire ou à entendre nous invitent alors à questionner notre propre regard.