Salvatore Sciarrino Œuvres des années 1970 et 1980

[Musique]

Salvatore Sciarrino évoque les fascinants croisements de la civilisation sicilienne, lointains souvenirs de cultures déposées par les siècles sur la terre d’Empédocle. Et sa musique, tendue, dramatique, emprunte l’image d’une activité volcanique, observée de loin, assourdie, subtile.
Ce concert propose de retracer une décennie de l’œuvre de Salvatore Sciarrino, entre Siciliano (1975), une sicilienne dite « chamboulée », et Lo spazio inverso (1985), avec en son centre Fauno che fischia a un merlo (1980). L’imaginaire du compositeur regorge alors de divinités issues des recoins les plus sombres de notre esprit, qui hantent les lieux sauvages et inquiètent. Ces créatures, composites, sont toujours porteuses de merveilleux, symboles d’immortalité.
Le monstre dénote une hybridation stylistique, où le zoologique, entre faune et merle, se résout dans l’esthétique, et la création naturelle, fabuleuse ou non, dans une poétique. Créer, c’est greffer – ou maintenir la confusion des corps et des sexes, à l’exemple de l’hermaphrodite.
Aussi Aspern (1978), comme les opéras de Salvatore Sciarrino d’avant Lohengrin (1982), joint-il deux sources principales : une nouvelle de Henry James, Les Papiers d’Aspern, et des fragments de Lorenzo da Ponte, le librettiste de Mozart, auquel renvoie d’ailleurs le genre de l’œuvre, un Singspiel, littéralement « jeu chanté ». De cet opéra, qui se déroule dans une Venise spectrale, traversée de citations du XVIIIe siècle, Salvatore Sciarrino a tiré une suite, avec arietta, arie, canzonetta, chanson rituelle et mouvements d’une musique aux saisissants raffinements.

Public aveugle et malvoyant : Concert naturellement accessible