Grand Magasin Inventer de nouvelles erreurs

[Théâtre]

Listes d’individus classés par taille ou types d’orteils, équations incongrues, rubriques singulières… Pascale Murtin et François Hiffler, un tandem d’artistes qui opère sous le nom Grand Magasin, aiment cataloguer, selon des méthodes rationnelles et logiques répétitives, ce qui n’était pas prévu pour l’être. De cette manie sont nées, depuis le début des années 1980, des pièces aux titres surprenants à l’instar de Bilan de compétences ou 25 chansons trop courtes et quelques-unes plus longues, sortes d’« antispectacles » qui doivent moins au patrimoine dramatique français qu’à certaines expérimentations littéraires ou plastiques. Aujourd’hui, ces enfants spirituels de Georges Perec ou de Robert Filliou continuent d’explorer avec minutie le terrain de l’infra-ordinaire, de la tautologie et des micro-poésies en passant commande d’une œuvre minimaliste au compositeur américain Tom Johnson. Inventer de nouvelles erreurs réunit ainsi deux sopranos, deux flûtistes et un chœur de six interprètes pour explorer la question des « petites différences » – celles que commentait en particulier Leibniz lorsqu’il se souvenait, dans Nouveaux essais sur l’entendement humain, d’une princesse qui, se promenant dans son jardin, dit ne pas croire qu’il y ait « deux feuilles parfaitement semblables ». Transformé en improbable étude comparative, ce livret sera la base d’un « opéra-minute » conçu à la façon de ces « comédies de coulisses » qui, à Broadway, montrent l’œuvre mais aussi les différentes étapes de son élaboration.