Marcelo Evelin Dança Doente

[Danse]

Comme s’il revenait aux origines étymologiques de la chorégraphie – l’art d’écrire la danse par caractères, figures et signes –, Marcelo Evelin façonne une pièce animale, irrévérencieuse, à la ponctuation rituelle et tribale. Dança Doente est, par-delà la danse, graphie en mouvement.
Marcelo Evelin considère ici la danse comme une maladie ou, plus précisément, comme un symptôme de ce moment où le corps altère sa perception de lui-même, se sent infecté par le monde, traversé par des forces qui le vident et le rebutent. L’artiste emprunte au créateur du butô Hijikata Tatsumi quelques écrits, une imagerie surtout, des situations dansées dont émane peu à peu, lovée entre fascination et fiction, une somptueuse fantasmagorie. Le travail sur les costumes et la lumière compose avec le geste et les corps des neuf interprètes, de tous horizons et de toutes générations, une véritable stylistique picturale dans l’espace du vivant. Une langue imaginaire s’élève de l’air qui se lézarde, un chuchotement se glisse dans les fissures pour nous livrer quelques mots de la sœur siamoise de la vie : la mort. Sur une composition sonore de Sho Takiguchi proche de la transe, ce sont différents lieux, plusieurs époques, le monde entier qui affleurent, ainsi qu’un univers invisible, celui des morts qui vivent en nous et nous (é)meuvent. Dans un rapport poreux, sensible et sensitif avec le public, la pièce prend l’allure d’une danse virale et contagieuse, qui advient comme une prémonition de la mort, tout en réaffirmant prodigieusement la puissance de la vie.