Pascal Rambert Répétition

[Théâtre]

Connu pour des pièces comme After/Before (2005) ou Clôture de l’amour (2011), l’auteur-metteur en scène et directeur du Théâtre de Gennevilliers Pascal Rambert a souvent envisagé ses œuvres comme des assemblages de corps et des montages de voix radicalement enracinés dans l’époque contemporaine. Certains seront donc surpris d’apprendre que sa nouvelle création, Répétition, s’affranchit du temps présent pour s’implanter dans la Russie du début du XXe siècle, celle-là même qui a vu l’effritement des grandes idéologies et le basculement d’un monde. Prudence, cependant : on se tromperait en imaginant Pascal Rambert quitter son ADN de créateur conceptuel pour verser dans le drame naturaliste. Fidèle à sa passion du « temps réel » (le temps de la fiction et celui de la représentation ne font qu’un), à sa manière de flouter les lignes entre fiction et réalité, il s’ancre à l’époque de Tchekhov mais multiplie les preuves que le drame en question se déroule bien « ici et maintenant ». Ainsi, les quatre personnages de Répétition se confondent-ils avec les acteurs qui les interprètent. Dans une salle de répétition, Emmanuelle – actrice (Emmanuelle Béart), Audrey – actrice (Audrey Bonnet), Denis – écrivain (Denis Podalydès) et Stan – metteur en scène (Stanislas Nordey) voient leur structure artistique imploser. La fin d’un monde… Voici pour l’histoire. À moins que l’on nous parle, à travers eux, de la chute des Balkans ? De la crise actuelle de l’Europe ? Les pistes sont ouvertes par Pascal Rambert lui-même qui dit réfléchir, avec Répétition, à « ce que fut notre souhait de l’Europe et ce qu’il est devenu aujourd’hui ».