Musée de la Danse / Boris Charmatz enfant

[Danse]

Adepte des croisements, des reprises mutantes, Boris Charmatz triture la matière chorégraphique pour en révéler les paradoxes sous-jacents, déplacer les certitudes du regard. Danse d’après photos, danse-sculpture, trou de danse, chacun de ses projets tente un rapprochement entre formes plastiques et mouvement des corps.
Après Levée des conflits, spirale de silhouettes entraînées dans une circulation sans fin, sa nouvelle création soumet la multitude à une autre question : comment produire des frictions, des événements physiques sans utiliser l’énergie musculaire ? Poursuivant les recherches sur les machines initiées avec le spectacle régi, il propose une chorégraphie pour corps inertes – une zone de transit traversée par un élément perturbateur nommé enfant. enfant, comme une matière malléable, fragile et incontrôlable. Une charge de réel bouleversant l’équilibre de la scène.
Transportés, déposés, manipulés par des danseurs, les corps d’enfants envahissent l’espace, l’agrandissent, le sculptent. De leurs relations naît un jeu de tension et de relâchement qui conjugue force d’inertie et processus de transformation. Un étrange ballet engourdi se déploie, où se forment des îlots, des amas mobiles ; d’où émergent des rencontres instables, des morphologies hybrides – images suspendues entre le repos, le rêve et la ronde... Progressivement, les rapports s’inversent, la frontière entre grands et petits, professionnels et amateurs, animé et inanimé se dénoue, laissant place à une masse en devenir, une nuée impétueuse qui emporte tout : envahissement ou récréation – qui redonne aux enfants leur place d’inconnue esthétique et politique dans l’équation de la représentation.