Jeanne Candel Le Goût du faux et autres chansons

[Théâtre]

Des musiciens en queue de pie circulant à skis, une expédition loufoque dans un corps humain, des scènes d’opéras coincées entre les Monty Piton, Henry Purcell et l’Énéide de Virgile… Avec sa façon de slalomer entre séquences lyriques et délires absurdes, Le Crocodile trompeur / Didon et Énée, co-signé par Jeanne Candel et Samuel Achache, s’imposait en 2013 comme un des ovnis les plus puissants de la jeune scène théâtrale. On y découvrait alors une bande d’acteurs et de musiciens fédérés en collectif (La vie brève, également auteurs de Robert Plankett en 2011), appartenant à une génération d’artistes particulièrement à l’aise dans l’art des formes hybrides. Leur nouveau projet, Le Goût du faux et autres chansons, à nouveau porté par Jeanne Candel et inventé sur la base d’improvisations avec douze acteurs-musiciens, ne s’annonce pas moins vertigineux que le précédent. D’une part parce que, de façon énigmatique, le spectacle est scindé en deux pièces distinctes, complémentaires et construites en miroir. D’autre part parce que le mythe, le superbe, le trivial s’y fragmentent en une myriades de saynètes, construites sur la base de rêveries autour du peintre Botticelli et de l’écrivain Borgès, articulées aux Métamorphoses d’Ovide, elles-mêmes conjuguées à des bribes de textes scientifiques sur la formation de l’univers. Soient les composantes d’un cadavre exquis farfelu et illimité, qui tente de reposer, par associations d’images et ricochets d’idées, l’insoluble question de l’origine du monde.