Kim Kum-hwa Rituel chamanique Mansudaetak-gut

[Rituel chamanique / Pansori]

Née en 1931 dans le Hwanghaedo, aujourd’hui en Corée du Nord, et vivant désormais à Séoul, la chamane Kim Kum-hwa est nommée en 1984 « Trésor national vivant », pour avoir préservé plusieurs rituels, parmi lesquels celui, spectaculaire, de bénédiction des bateaux de pêche. Initiée dès l’âge de 17 ans – une maladie inexpliquée révèle qu’elle est « désignée » –, elle remporte en 1974 le Concours national d’art populaire. C’est un tournant dans l’histoire de la Corée, où le chamanisme n’est alors considéré ni comme un métier respectable ni comme un art légitime. Mais la spiritualité intense de Kim Kum-hwa, son charisme, ses talents de divination et la grâce fluide de ses mouvements manifestent une perfection rare.
S’il a foi en des forces naturelles et surnaturelles, le chamanisme coréen tient moins d’une religion que de l’organisation sociale, et se tourne davantage vers les hommes que vers les dieux. Son modèle s’est développé en marge du pouvoir des lettrés, qui en tolérait les expressions locales. Et sa capacité d’adaptation est saisissante, depuis quinze ou seize siècles : des sociétés de chasseurs et de pêcheurs, devant la nature immense, aux éleveurs et aux agriculteurs, soumis aux cycles de la vie animale et des saisons, et jusqu’à la société industrialisée des villes. À travers chants, instruments, danses, parures, décorations et objets rituels (autel, images peintes, offrandes, éventails, sonnailles ou fleurs de papier brûlées), la chamane ne récite pas une prière, ne fonde pas un ordre nouveau, mais répare des désordres.

Avec ses chamanes-assistantes et ses musiciens, Kim Kum-hwa présente au Théâtre de la Ville le rituel Mansudaetak-gut, où se succèdent une purification des lieux, les invocations des esprits de la lune et du soleil, ou des esprits protecteurs du village, un appel aux esprits des « mal morts » (morts sans descendance), le jeu du pilon pour une moisson abondante et le rite du hache-paille.