Steven Cohen Boudoir

[Arts visuels]

Si les performances de l’artiste Sud-africain ont consisté jusque-là à s’exposer sur scène comme dans des espaces publics, cette fois Steven Cohen accueille dans un espace intime et réservé : un boudoir, chapelle ou refuge destiné à recueillir ses souvenirs autant qu’à faire se projeter les tortueuses mémoires du siècle.

Le boudoir était traditionnellement une salle réservée aux conversations féminines, entre le salon et la chambre – double inversé de l’espace public et civil largement masculin. Sade rappela combien le corps et l’intimité y deviennent politiques et espace de liberté. Dans celui-ci, Steven Cohen, ou l’être féerique et étrange qu’il devient en public, y est entouré de meubles divers, tableaux, miroirs ou statuaires animalières. Chacun témoigne d’une vie collective passée – sociabilité bourgeoise, apparats et uniformes, religion, souvenirs de guerres ou trophées célébrant l’homme occidental face à la nature, l’animal ou des cultures éloignées… Réagencés puis confrontés à des films d’action dans des lieux mémoriels réalisés pour le spectacle, ils deviennent des formes hybrides et métamorphiques révélant le hors-champ historique et culturel, souvent sombre et violent, qui hanta la culture dont ils sont issus. Ce boudoir est un espace intime voire mental, mais avant tout un lieu élégant invitant à une forme d’introspection si ce n’est de réparation, offert à l’imagination.