Jonathan Capdevielle Caligula

[Théâtre]

Jonathan Capdevielle met en scène la chute de Caligula, entre fidélité au texte d’Albert Camus et relecture fragmentée en un dispositif plastique et sonore audacieux et une interprétation poussée dans ses derniers retranchements. Le chaos et l’art au cœur du pouvoir.

Si le court règne de Caligula a laissé l’image d’un tyran cruel, affairé à haïr le Sénat et gommer les limites entre liberté et arbitraire, Albert Camus lui donne une dimension plus romantique et absurde, dans la pièce qu’il publie en 1944. Un artiste au cœur du pouvoir. Idée complexe que le metteur en scène insuffle à son Caligula, en choisissant de mêler deux versions de l’œuvre, au fil d’une relecture portée par une impressionnante tectonique des écritures. Celle des interprètes et des corps en mouvements, innervés par un travail d’observation du monde d’aujourd’hui et traversés par les tensions du texte, mais aussi de leurs voix diffractées en chants et murmures. Celle du son et de la musique originale jouée au plateau, errante et instable. Celle de la scénographie : l’intrusion dans le théâtre d’un imposant et énergétique piton rocheux, où Jonathan Capdevielle organise le chaos et observe le long suicide d’un homme, tout entier absorbé par la quête d’une vérité sans fard, qui sape les structures, fait tomber les masques et fait vaciller la société. Un séisme intime et politique, dont les répliques font encore trembler.