Julien Gosselin
Si vous pouviez lécher mon cœur
Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz
Extinction

[Théâtre]

Pour aborder l’une des œuvres maîtresses de Thomas Bernhard, le metteur en scène a choisi de la situer en perspective sous la forme d’un triptyque fait d’allers et retours entre passé et présent où apparaît, en particulier, la Vienne à la fois extrêmement raffinée et au bord de l’apocalypse d’Arthur Schnitzler.

Après s’être longtemps concentré sur des auteurs contemporains, Julien Gosselin explore aujourd’hui la modernité européenne. Cette orientation vers un passé proche, le dramaturge et metteur en scène la compare à une visite des ruines de Pompéi où il s’agirait non seulement d’exhumer les corps enfouis sous la cendre, mais aussi de les confronter à notre présent. Ainsi, pour transposer au théâtre Extinction, le roman de Thomas Bernhard, avec des interprètes allemands et français, il immerge le public dans le bain sonore d’une soirée électro où s’agitent des danseuses et danseurs, avant de nous transporter dans la Vienne d’Arthur Schnitzler. À cette vision filmée en direct d’une vieille Europe insouciante, où il est question de Freud et de Mahler avec en perspective la catastrophe des deux guerres mondiales, succède l’intervention d’une femme qu’on a vu danser un peu plus tôt. Elle parle de littérature. Suit un coup de téléphone où il est question d’un accident de voiture. Le début du roman de Thomas Bernhard.