Sylvain Creuzevault L’Esthétique de la résistance

[Théâtre]

Avec L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss, roman phare du XXe siècle, Sylvain Creuzevault continue de sonder au plateau les rouages de l’histoire des luttes politiques, et de la capacité de résistance des êtres et des œuvres.

Après avoir sillonné durant quinze ans le XIXe siècle et l’œuvre de Dostoïevski, Sylvain Creuzevault poursuit au XXe siècle son inlassable excavation d’une certaine histoire du socialisme et des luttes sociales – et à travers elle des potentialités théâtrales des monuments de la littérature. Avec L’Esthétique de la résistance de l’allemand Peter Weiss, paru en trois tomes entre 1971 et 1981, c’est un nouveau roman-monde qu’il aborde, grand-œuvre testamentaire que l’on a pu comparer à Proust ou Walter Benjamin : une histoire collective (et mélancolique) de la résistance au fascisme et des luttes ouvrières allemandes, à travers l’itinérance, de 1937 à 1945 et de Berlin à l’Espagne, d’un jeune ouvrier antifasciste et de ses camarades, dont les rencontres ont lieu dans des musées ou des galeries, face aux grandes œuvres que l’art a suscitées en réponse à la barbarie. La résistance politique serait-elle un art ? Ou bien est-ce l’œuvre d’art qui peut être une arme ? Et pour combien de temps ? À travers cette dantesque histoire de l’art de la résistance, Peter Weiss et Sylvain Creuzevault sondent les rouages de l’engagement politique, du refus du renoncement, et de ce qu’il en reste lorsque les sociétés mettent le cap au pire.