Roger Blin … Où boivent les vaches

[Théâtre]

Nous devons à Roland Dubillard, entre autres pièces, « Si Camille me Voyait », « Naïves Hirondelles », « La Maison d'Os », « Le Jardin aux Betteraves », « Les Crabes ».
Aucune ne ressemble à l'autre. Celle qu'il nous présente aujourd'hui ne fait pas exception. Comme dit un personnage de « La maison d'os »: « Pas de ma faute se je n'ai pas de talent. Comment voulez-vous réussir quand on n'a pas de talent ? ». Félix, le personnage central de « ... où boivent les vaches » ne connaît pas ce problème. Il a tellement de talent qu'il ne s'en aperçoit pas. Plus justement, sont talent lui vient d'ailleurs que de lui-même, comme une fortune. Il lui vient de son entourage, de sa mère particulièrement. Il ne s'en aperçoit qu'au fantasme de la mort de sa mère, et comprend qu'il a été fabriqué, qu'il n'y a rien qui lui appartienne, ni en lui ni hors de lui, même pas ce qu'il voit et entend. Il décide alors de vouloir. Il ne sait pas quoi : il part « loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises », comme Rimbaud qui ne se singularise
que par rapport au plus familier. Car ce n'est pas un hasard que le titre de cette tragi-comédie c'est qu'elle se réclame, outre de Bosch, de Bruegel, de la Parabole de
l'enfant prodigue de cette « Comédie de la soif » où Rimbaud exprime sa volonté désespérée, rageuse et boueuse d'aller « où boivent les vaches. »