Pascal Quignard / Daniel Zerki Les tablettes de Buis

[Théâtre]

A la fin du IVe siècle et dans les premières années du Ve siècle de notre ère, une patricienne romaine, âgée de cinquante et un ans, tient un journal, ou plutôt une sorte d'agenda. Elle consigne sur des tablettes de buis, des achats qu'elle projette, des rentrées d'argent, des souvenirs érotiques, des commandes de vin ou de parfums, des plaisanteries, des scènes qui l'ont touchée. Pendant vingt ans Apronenia Avitia se consacre à cette tâche étrange sans rien voir de l'empire qui meurt, du pouvoir chrétien qui s'étend, des troupes gothiques qui investissent à trois reprises Rome. Elle aime l'or, la robustesse du corps, le sommeil, la grandeur des parcs, la lyre, le bruit passionnant des cornets à dés. Elle aime aussi l'aurore rongeant l'ombre, les souvenirs du plaisir, l'eau fraîche sur les yeux et dans la gorge, les barques plates chargées d'amphores ou d'avoine qui passent sur le Tibre.