Borislav Tchakrinov La Ronde / Père Ubu

[Théâtre]

On ne trouve pas d'ampoules en Bulgarie. C'est donc sous un honorable pleins feux que se joue "Tatko Ubu" au Théâtre Derrière le Canal, sans doute l'une des plus, réjouissantes versions d"'Ubu roi" jamais montées sur une scène européenne.
Cette version assez libre d'une pièce encore rigoureusement interdite il y a deux ans en Bulgarie, est montée sur un rythme et des sons de comédie musicale, et lorgne vers l'opérette, bifurque vers l'oratio d'une "complainte des impôts" avec un "je m'en fous, payez-moi" du Père Ubu au refrain. Tout se termine par un final bucolique de toute la troupe qui a tôt fait de virer jazzy. C'est exquis. C'est peu dire que le souffle de cette énergie de troupe passe en scène. Et on peut le vérifier dans un autre spectacle, La Ronde, de Schnitzler, mis en scène par le même Tchakrinov, plus sage mais parfait, à la manière des comptines.

Jean-Pierre Thibaudat, pour Libération