Peter Stein L'Orestie

[Théâtre]

«Je m'efforce de rendre populaire cette pièce que je considère comme étant le fondement du théâtre européen, l'oeuvre la plus excitante à laquelle un metteur en scène ou des acteurs soient confrontés. Il s'agit d'un trésor de la philosophie, de la pensée, des idées concernant la politique.
L'Orestie contient différentes formes théâtrales qui ont marqué par la suite l'histoire du théâtre. Il manque naturellement Tchekhov et son théâtre psychologique bourgeois, bien qu'on le retrouve esquissé dans les Choéphores. Pour moi, il s'agit d'une des pièces les plus excitantes. Nous sommes les témoins, d'une part d'un rituel original de la Grèce antique et, d'autre part, d'une pièce de Strindberg où une mère tente de séduire ou de ne pas séduire son fils - quel sujet d'études pour la psychanalyse ! Enfin dans la dernière partie, nous pouvons voir des formes théâtrales que nous avons oubliées et que nous ne connaissons plus que sous la forme d'oratorios ou de jeux de la Nativité. Et avant, dans Agamemnon, nous avons cette pièce de théâtre archaïque dans laquelle nous participons à l'invention des protagonistes : c'est à dire que le choeur parle seul pendant une heure, aucun acteur comme nous l'entendons aujourd'hui n'est sur scène et puis un acteur, puis deux entrent en scène, à une heure d'intervalle. Ces protagonistes sont créés au fur et à mesure, introduits, désirés et craints par le choeur. Tout cela est merveilleux dans cette pièce et n'a jamais été présenté auparavant en Russie.»

Peter Stein, Entretien avec Barbara Lehman, Moscou, Janvier 1994