Jérôme Deschamps / Macha Makeïeff C'est magnifique

[Théâtre]

Quelqu'un viendra qu'elle s'applique à attendre. Faudrait un peu resquiller sur la vie. Elle danse "Margarita" avec sa jupe bleue entre les clapiers et la piste, pousse sa chaise en bord de route pour voir s'ils passent, les danseurs écossais, le duo des illuminés, comme on guette le Tour de France.
C'est l'épopée de la Grande Gigue, avec accordéon, trompette, bouteilles de gaz, tatoo, et quelques oiseaux, parait-il...
Tentatives d'amour à droite, à gauche, par-ci par-là, dans le flou, de celle qui rêve d'aller à la Filochère (lieu-dit).
Comme elle danse la dégingandée, elle insiste ! Elle choisit la belle vie comme on met une robe du dimanche dans les décombres.
Les gars, ils envisagent une renovation : Iveco, Midas, Soldécor, Kiloutou. Ca y va les transports ! Ça circule, Morel, son beau frère et le petit avec le chariot, en brigade désespérante. Avec les coups pour se dire quelque chose. Se sentir.
Leur vie c'est comme une opérette pas trop loin de Castorama. Ils croient aux merveilles. Et si, elle seule entendait le Ciel tout plein d'échos de mariage d'amour. Dans les gravats, flattée, elle siffle son vin blanc : "la vie est là qui vous prend dans ses bras". Les autres, énergiques et perdus continuent les travaux : placo, frisette, vélux, siporex. Jusqu'au miracle.

Macha Makeieff, Juillet 1995