Edgard Varèse / Bill Viola Intégrales / Ionisation / Déserts

[Musique]

Désert : "mot magique", disait Edgard Varèse, puisqu'il associe une notion géographique et un concept métaphysique. Déserts allait ainsi s'affirmer comme la partition la plus explosive du compositeur franco-américain. Diffusée en direct et en stéréophonie (une première) sur les antennes de la radio nationale, l'oeuvre fut saluée par le plus beau des charivaris au soir de sa création à Paris, le 2 décembre 1954. Avec ses quatre séquences instrumentales réservées aux seuls instruments à vent, piano et percussions, avec surtout ses trois "interpolations" de "sons organisés" enregistrés sur bande magnétique et diffusés par haut-parleurs, l'oeuvre constituait, derrière l'apparente sagesse de sa forme "antiphonale", un outrage aux bonnes moeurs musicales. Que venaient faire ces bruits d'usine et de bateaux dans une salle de concerts aussi vénérable que le Théâtre des Champs-Elysées ? Les Déserts de Varèse reviennent dans le théâtre où ils sont nés. Le temps n'a en rien émoussé leur rugosité. Les exécutants sont, cette fois, à l'avant-scène devant un grand écran où défilent les images d'eau et de feu, scintillantes ou paralysées, de Bill Viola.