Chants du Nil

[Musique]

"C'est extraordinaire. Toutes les maisons drapées, tendues, couvertes de lumière, foules énormes, des musiques partout, toutes les femmes en blanc, femmes chantant derrière les balcons, voilés de rideaux. Immenses foules écoutant et marquant le refrain par une clameur". Au milieu du XlXè siècle, Eugène de Fromentin décrivait Le Caire comme une fête pour l'oreille. La capitale égyptienne n'a pas résisté depuis à la poussière, à la voiture, au béton. Mais tout en adaptant ses traditions à la modernité et aux exigences du tourisme, le pays a su honorer ses anciens. Comme le très âgé Yûsef Sheta, chanteur de ballades qui circulaient autrefois dans le Delta. Ou Nûra Sabhî qui perpétue l'art des aimées que chantaient les esclaves pré-islamiques. Le programme composé par Alain Weber est un voyage dans le temps et l'espace de l'Egypte, pays soumis, du fait de sa situation géographique, à une multitude d'influences aujourd'hui si mêléesqu'elles en deviennent indiscernables : l'Egypte musulmane, chrétienne, arabe, nubienne, turque, tsigane, bédouine qui, selon qu'elle se rappelle de son appartenance arabe ou berbère, "vogue entre musiques modales et pentatoniques". Religieux, laïques, épiques, mystiques, ces chants et ces danses sont présentés, dans la tradition des cafés-théâtres cairotes, par un jeune danseur-chanteur-acrobate, l'un de ces "musiciens du Nil" qui ont su opérer chez eux la transition entre passé et présent.