Robert Lepage La géométrie des Miracles

[Théâtre]

Ainsi que le suggère son titre, La Géométrie des Miracles s'élève à l'intersection de deux axes fondamentaux, matérialité et spiritualité, tels qu'incarnés par deux grands esprits de notre siècle : l'américain Frank Lloyd Wright, architecte érudit, et le Russe George Ivanovitch Gurdjieff, philosophe épicurien, l'un et l'autre entourés d'une nuée de disciples dévoués. Creuset thématique particulièrement fertile, la rencontre des deux maîtres et de leur entourage fournit à Robert Lepage l'occasion d'explorer tant la conformité que la disparité des deux approches qui, à l'instar de la création théâtrale, se fondent sur la recherche d'un équilibre entre l'individu et le groupe.
Pour la première fois, Robert Lepage s'attache à des personnages ayant réellement existé, sans les évoquer ni leur faire dire ou jouer leurs propres textes ou musique (Cocteau et Davis dans les Aiguilles et l'opium), mais en les imaginant dans leur quotidien.
Il est question de professeurs et d'élèves, de mentors et de disciples, de gurus et de victimes, et de l'affirmation de l'identité d'individus qui doivent parfois affronter leurs maîtres à penser, comme ce fut le cas du disciple de Frank L. Wright, hostile à Gurdjieff mais mentalement prêt à trouver en lui un nouveau maître, qui, ironiquement, atterrit chez le Corbusier, le brillant frère ennemi de Wright.
En toile de fond, l'architecture de Wright et les enseignements de Gurdjieff, qui s'appuient sur la confrontation des individus et sur des théories du mouvement répétitif. Autour des personnages centraux gravitent Olgivanna, troisième épouse de Wright, et admiratrice de Gurdjieff, Herbert Johnson, le magnat des cires Johnson Wax qui commandera un édifice à Wright et Jack, disciple tourmenté de l'architecte.