Julie Brochen Le cadavre vivant

[Théâtre]

Le Cadavre vivant, pièce dont l’auteur refusa qu’elle fut publiée tant qu’il fut en vie, est la réponse donnée par Léon Tolstoï à Oncle Vania de Tchékhov, pièce qu’il estimait « sans idée » et qu’il critiqua sévèrement après l’avoir vue en 1900, lors de sa création par Stanislavski. Si le jugement rendu par la postérité sur ces deux œuvres, on le sait, est sans commun rapport avec la sévérité du jugement de l’auteur de Guerre et Paix, il est intéressant de noter que le même Stanislavski, auquel s’était adjoint Némirovitch-Dantchenko montèrent au MKHAT,avec un éclatant succés, Le Cadavre vivant en 1916 et que Meyerhold la donnait cinq jours plus tard à Petersbourg...
Ce texte peu connu pose la question du « Comment mourir dans un monde déjà mort » au travers de « la chute graduelle d’un homme « bon », incapable de tenir son rôle de mari et père de famille, inapte d’ailleurs à tous les rôles, inapte même à disparaître pour ne pas déranger. Le drame de la bonté, qui ne peut être que faiblesse dans une société construite toute entière sur le mensonge et la force. »
C’est à la lumière de ce texte qu’elle déclare avoir eu à défricher « comme une terre inconnue » que Julie Brochen, nouvellement nommée à la direction de l’Aquarium de Vincennes, a envisagé de monter Oncle Vania.
Un dyptique , dont les scénographies s’imbriquent l’une dans l’autre, et où le personnage central ne revient pas aux seuls acteurs mais aussi à « La maison, non plus comme lieu mais comme « mémoire vivante ». Ainsi comment vendre « la maison », le théâtre ; comment emballer, housser les meubles avant d’en être dessaisi, dépossédé : emballer le gradin et construire avec lui un espace de jeu unique et multiple à la fois.(Vania), comment dessiner, dans un dispositif bi-frontal (Le Cadavre Vivant) un espace déplacé, un lieu de passage où seuls des portemanteaux indiquent les présences, les errances ».