Marc Feld Un magicien

[Théâtre]

Les cartes à jouer du magicien Pierre Edernac sont de celles qui ont au moins trois faces : elles sont magiques. Sur la première on projette un film, le portrait de l’artiste en jeune Maharadjah, le front ceint d’un turban flamboyant les yeux ourlés de kohl, ses premières leçons dans la boutique du marchand de mystères Karoly, depuis l’enfance jusqu’aux portes des Indes..., Sur la seconde, les phrases à double-fond du poète Zéno Bianu, un monologue « en rupture de boussole » interprété par l’acteur Robin Renucci... Sur la troisième, le magicien au sommet de son art, égaré le temps d’un tour de prestidigitation entre réalité et fiction, sorti de l’écran comme on revient du passé... Un château de cartes où le temps se mélange, où la réalité perd pied devant le rêve de Pierre Edernac : « Croire pour faire croire », un lieu improbable où une partie du public est lui même aux premières loges du plateau et où s’invente un espéranto du merveilleux contemporain, « pour partager les secrets, parce qu’un secret, cela ne se dit pas. »