Saburo Teshigawara Bones in pages

[Danse]

Si dans « Bones in pages », les chaussures tout autant que les livres ont droit de cité sur les étagères devant lesquelles danse en solo Saburo Teshigawara, c’est parce que le chorégraphe plasticien se refuse à confier sa mémoire à sa seule tête. Le corps aussi, apprend et se souvient. Au premier plan, des fauteuils fendus par le milieu et des éclats de verre disent l’illusion qu’il y aurait à se satisfaire des seuls livres et d’une connaissance figée. Car c’est dans l’interstice de l’humain, dans l’espace de son invisible double, négation et affirmation - dans le même temps- de sa pesanteur et de sa légèreté, dialogue de l’immobilité et du mouvement, de la rigidité et de la souplesse, des os et de l’esprit, que Saburo Teshigawara a placé l’espace de sa recherche. Reliant toutes choses, ressenti par chacun qui pourtant ne saurait le voir, l’air est la matière que le chorégraphe entend utiliser pour sculpter le corps et l’espace. Dans l’exact équilibre qui sépare la sérénité de l’extase, avec une maîtrise technique extrême, Saburo Teshigawara poursuit de spectacle en spectacle, refusant toute limite de genres, une même quête : révéler l’invisible et plonger le corps dans le perpétuel jaillissement du temps.