Sylvain Creuzevault Le Père Tralalère

[Théâtre]

La compagnie d’ores et déjà, groupe de jeunes acteurs réunis depuis 2002 dans un même esprit de recherche, travaille en collectif sur des textes – dernièrement Visage de feu de Mayenburg, Baal de Brecht – ou expérimente, sans œuvre préexistante, une écriture scénique fondée sur l’engagement individuel des acteurs : ainsi est né Le Père Tralalère.
Ça commence comme ça : ce sont les noces de Lise et de Léo. Le père de Lise s’est occupé du mariage. Il y a aussi le frère de Lise, les amis de Lise et Léo, il y a Benoît, un présentateur de télévision, et Samuel, un employé du père. Tout va bien comme au début d’une pièce de théâtre classique. Puis tout va aller de moins en moins bien comme dans une pièce de théâtre classique. Une petite lézarde d'abord, puis une fissure, puis une faille : le réel vacille, l'ordre familial laisse apparaître ce qui le fonde et qui n'a rien d'ordonné ni de calme. Les repas de famille continuent à se succéder avec leur recto de rituel immuable et leur verso de cruauté ; mais le spectateur est déjà emporté dans la courbe imprévisible du spectacle, de bouffée de paradis en descente aux enfers. Drôle ou violent, ludique toujours, la compagnie  d’ores et déjà se sert du théâtre pour faire advenir le rêve et la vérité du rêve, pas toujours agréable à entendre. Écrit à partir d'improvisations, le spectacle se maintient ouvert aux aléas de la représentation. Ainsi n'est-il jamais tout à fait le même : dispensant tour à tour effroi et jouissance, la machine à détraquer la famille s'emballe en direct sous nos yeux, révélant l'impossibilité des générations à échapper l'une à l'autre, sans pardon ni merci.