Brice Pauset / Ludwig van Beethoven / Alban Berg Schlag-Kantilene...

[Musique]

« Du passé faisons table rase ! » Voilà un slogan qui a fait long feu, en musique autant qu’ailleurs, celle-ci étant le lieu d’incontournables et complexes jeux de mémoire. C’est cette mémoire secrète, faite de réminiscences et de survivance des fantômes du passé, qu’interroge Brice Pauset. Après sa Kontra-Sonate (2001), dont il a serti pour Andreas Staier la Sonate en la mineur de Schubert, après Purcell-Verschiebungen (2006-2007) ou Vier Variationen (2007), sur les Variations Goldberg, il s’attaque à présent, avec Schlag-Kantilene, à un monument concertant, le solaire Concerto pour violon de Beethoven.
Ici, nul commentaire ou variation, nul « à la manière de » ou réappropriation du matériau, nul miroir. Brice Pauset se plonge dans les mécanismes aveugles qui travaillent à l’arrière-plan de la création autant qu’ils habitent le jeu de l’interprète et l’appréhension (dans tous les sens du terme) de l’œuvre musicale. Une façon de renouveler le geste originel du maître ou, à tout le moins, de réoccuper son espace de mémoire.
Pour conclure ce fugitif jeu d’ombres avec les ombres, la Lulu Suite d’Alban Berg viendra compléter ce programme résolument « hanté ».