Mark Andre / Pierre Reimer Modell / hij

[Musique]

L’oeuvre de Mark Andre scrute l’absolu. Sur le seuil au-delà duquel nous ne savons rien encore, la science se montre incertaine. Mark Andre l’accompagne néanmoins dans ses avancées les plus récentes. Modell est ainsi né d’échanges avec les chercheurs du Cern et de représentations graphiques de collisions de particules, dont la masse et les positions déterminent la densité, les durées et les proportions des événements sonores. Depuis un fond de silences, de gestes figés ou de masses sombres, magmatiques, éclosent ou jaillissent, puis dépérissent traits, scintillements, bruissements subtils, à peine audibles, et retentissantes déflagrations. Alors le jaillissement se fait percée, selon le mot des mystiques rhénans : l’homme s’y dépouille de sa connaissance douloureuse, parce que limitée, et entre ou retourne dans les arcanes de la déité. Aussi le titre, énigmatique, hij est-il l’abréviation de Hilfe Jesu, l’aide de Jésus qu’invoque cette oeuvre sur l’idée de patrie sans sol ; aussi Mark Andre aimait-il auparavant réduire ses titres à un bref mot allemand (zu, als, durch, auf…), trace infime de sources bibliques.
Pour Modell et hij, deux oeuvres orchestrales, Pierre Reimer a réalisé des films où les lieux, les paysages, les objets et les êtres sont saisis dans des plans cinématographiques volontiers intermittents, selon une logique photographique qu’il dit
« augmentée ». Entre la projection de ces deux films, une exécution de iv1 témoignera de touchers extraordinaires du piano, le plus souvent à même les cordes. Cette introversion instrumentale, qui donne son titre à l’oeuvre (iv), traduit aussi une quête merveilleuse d’espaces intérieurs.