Benedict Mason / Enno Poppe / Edgard Varèse / Mauro Lanza drawing tunes and fuguing photos

[Musique]

Benedict Mason cultive une approche du fait musical qui séduit par sa spontanéité et ses prises de liberté avec les académismes divers.
Depuis le rythme, qu’il traite volontiers par superposition de tempos hétérogènes, jusqu’à l’espace qu’il se plaît à étirer hors des limites contraignantes de la scène, voire de la salle de concert, en passant par son goût pour les instruments inventés, ses compositions se conçoivent comme des kaléidoscopes minutieusement organisés et pimentés par ce soupçon d’excentricité propre à la culture pop. Sa nouvelle composition pour l’Ensemble intercontemporain fera apparaître l’ingéniosité de cette machine compositionnelle ; composer, c’est pour Mason couper des trames, tailler dans des masses sonores, distribuer les intensités. En somme, un programme poétique qui rejoint l’art des « sons organisés » par lequel Edgard Varèse entendait prendre congé de la musique traditionnelle. Ionisation (1933) pour un ensemble de percussions à hauteurs indéterminées, véritable ode au bruit urbain, ouvrait la voie. Ont suivi plusieurs œuvres dont Ecuatorial (1934) pour chœur et ensemble et enfin Poème électronique, œuvre pour bande diffusée dans le pavillon de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958.
On retrouve l’ombre de Varèse dans le lent mouvement des masses enracinées dans le registre grave de Mauro Lanza pour #9 (2010). Enfin, avec Speicher IIII-IV et V, Enno Poppe propose une partie d’un cycle de pièces pour ensemble, dominées par l’emploi des micro-intervalles.