Un regard de cinéma sur l’Afrique du Sud

[Cinéma]

Tenter de dessiner un portrait de ce pays au passé cinématographique « plein de bruit et de fureur » et au présent toujours fragmenté en ce qui concerne son public afrikaner, indien et noir, c’est se résoudre, dans un premier temps, à un point de vue historique pour évoluer ensuite vers l’approche d’une nouvelle génération de cinéastes et producteurs, aujourd’hui en échanges complexes et vivifiants avec leurs confrères des pays avoisinants, ou immigrés en Afrique du Sud.
On peut se frayer un sentier de reconnaissance en prenant appui sur des films-jalons, qui par la justesse morale et esthétique des cinéastes tracent les grandes lignes de la période qui s’étend des années 1960 à aujourd’hui.
Un premier chapitre est illustré par les images bouleversantes de Come back Africa par le New-yorkais Lionel Rogosin,
Rhodesia Countown de Michael Raeburn ou The Burning de Stephen Frears. La tradition documentaire anti-apartheid à partir des années 1970 est très riche et laisse émerger des films « passages de témoin » comme Classified People de Yolande Zauberman, Chroniques Sud-africaines des Ateliers Varan, My Vote Is my Secret de Donne Rundle, Thulani Mokoena et Julie Henderson mais aussi les fictions The Grass Is Singing de Michael Raeburn ou Mapantsula d’Oliver Schmitz.
Après l’abolition de l’apartheid en 1991, le cinéma militant accompagne une nouvelle ère sociale et politique dans des lieux symboliques tels que Soweto ou Johannesbourg, comme dans JoBurg Stories d’Oliver Schmitz et Brian Tilley, Ubuhle Bembali d’Emmanuelle Bidou. À la
même période, des films de fiction mettent en avant les aspects les plus troubles de la société de l’après-apartheid comme Fools de Ramadan Suleman. À partir des années 2000, la Commission « Vérité et Réconciliation » cherche à provoquer dans la société une catharsis, explorée dans de nombreux films dont Reconciliation: Mandela’s Miracle de Michael Wilson, Nothing but the Truth de John Kani
ou Zulu Love Letter de Ramadan Suleman.
Aujourd’hui, au milieu du clivage des productions de films orientés vers des publics spécifiques et étanches, apparaissent de jeunes cinéastes atypiques comme Oliver Hermanus ou Khalo Matabane, réalisateur de nombreux documentaires et d’un premier long métrage de fiction State of Violence.
Dans un second volet, les spectateurs pourront découvrir l’oeuvre de cinéastes venant du Nigeria, Zimbabwe, Sierra Leone, Congo, Mozambique, qui ont trouvé refuge en Afrique du Sud, pays qui ambitionne de devenir un lieu de choix pour les talents de la réalisation et de la production sur le continent africain. Ainsi, seront présentés des films qui ont « voyagé » dans de nombreux festivals internationaux
dont Viva Riva de Djo Munga et Man on Ground d’Akin Omotoso.