Laila Soliman Zig Zig

[Théâtre]

Il y a presque cent ans, un petit village d’Égypte était pris pour cible par l’armée britannique. Lors du procès, fait rarissime, des femmes prennent la parole pour expliquer que les soldats les ont violées. Laila Soliman part de leurs témoignages pour évoquer ce moment historique et la persistance de la violence de genre qui le sous-tend.
Née en Égypte, Laila Soliman s’est formée au théâtre à l’Université américaine du Caire puis à Amsterdam. Elle travaille aujourd’hui comme auteure et metteuse en scène dans son pays natal. Dans Whims of Freedom, déjà, elle s’était plongée dans la Révolution égyptienne de 1919, qui avait vu la population se rebeller contre le joug de l’Empire colonial britannique. C’est à cette occasion qu’elle découvre les transcriptions du procès de Nazlat al-Shobak, un village situé près de Gizeh. Dans Zig Zig, elle fait revivre la parole des victimes de viols, venues témoigner en dépit du risque de stigmatisation. Reprises par le mouvement nationaliste de l’époque, leurs histoires sont devenues une cause célèbre, avant de tomber dans l’oubli. Sur scène, cinq actrices s’attaquent à ce matériau historique et aux échos qu’il trouve dans le concept moderne de culture du viol. En laissant libre cours à la parole et à la danse, elles sondent ce qui a changé – ou non – en un siècle. Avec Zig Zig, Laila Soliman, l’une des voix montantes de la scène indépendante égyptienne, invente une œuvre nourrie par une véritable conscience politique et sociale, entre documentaire et réinvention théâtrale.

Public sourd et malentendant : ce spectacle est surtitré en français.