Bouchra Ouizguen
Carte Blanche Jerada

[Danse]

Invitée par la compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine Carte Blanche, la chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen convoque avec le cercle, la spirale et la course, les figures d’un infini. Dans Jerada, aux rythmes de l’exaltée Dakka Marrakchia, quatorze danseurs tournoient, pris de vertiges.

Dans la pénombre, un chant. Un danseur s’élance. Puis d’autres, avec lui, s’abandonneront au tournoiement. De rotations centrées en courses périphériques, les figures archaïques du cercle et de la spirale se déploient. Comment survivre dans ce tourbillon sans commencement ni fin ? Appelant le jeu, provoquant l’épuisement, l’incessante giration déleste peu à peu les corps de tout vocabulaire, de tout rôle et tout repère. Pour qu’ainsi puisse jaillir un indéfinissable « au-delà », en constante évolution. Hors de soi, hors du temps. Comme la Dakka Marrakchia, intemporelle pièce musicale et chantée, qui emporte avec elle ceux qui l’écoutent et qui rythme sans relâche les pas des danseurs. Autodidacte et affranchie de toute filiation académique, Bouchra Ouizguen écrit depuis dix ans pour des chanteuses, musiciennes et danseuses marocaines, interprètes de Madame Plaza, Ha!, OTTOF et Corbeaux – présentées pour les deux dernières en 2015 puis 2016 au Festival d’Automne. Dépositaires d’une riche culture populaire, éloignées des codes de la danse contemporaine occidentale, ces artistes explorent « le chemin d’une liberté du corps ». À l’invitation d’Hooman Sharifi, directeur artistique de Carte Blanche, Bouchra Ouizguen a sondé aux côtés des danseurs les espaces qui surgissent de l’abandon, cherchant ce que serait alors, à ses yeux, l’essentiel.
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Durée : 1h