Claude Vivier
Clara Iannotta

[Musique]

« Le futur de la musique ne peut se voir sans l’apport essentiel des autres cultures. L’esprit humain ne peut être cosmique que lorsqu’il met en œuvre tout son héritage culturel. », prescrivait Claude Vivier. Dans son œuvre, comme dans celle de Clara Iannotta, chaque instant porte quelque chose d’hybride, où l’Autre, étranger ou soliste, nous imprègne de sa découverte.

« Je suis devenu un peu balinais. » Pulau Dewata est un hommage au peuple de l’« île des Dieux » et à son Éden, où Vivier dit avoir appris la tendresse, la poésie, le respect de la vie et le lien de la musique à un cœur cosmique. Cette œuvre, à l’instrumentation non spécifiée, en adopte l’esprit : la danse, le rythme, les mélodies ou le souvenir des gamelans, en une « explosion de vie ». Comme le constatait György Ligeti, l’Orient, ainsi inventé, s’y fait inédit.
Avec Paramaribo et Samarkand, Bouchara et Shiraz font partie des œuvres de Vivier sur des villes fastueuses d’antan. La première, en Ouzbékistan, sur la route de la soie, suscite un chant d’amour mélancolique, pour soprano et ensemble, sur une langue inventée. La seconde, en Iran, « un diamant taillé durement », donne vie à l’une de ses œuvres les plus célèbres, où les mouvements des mains sur le piano se souviennent de chanteurs aveugles au marché de Shiraz.
Outre les œuvres de Claude Vivier, ce concert présente la création française de paw-marks in wet cement (ii) de Clara Iannotta. Dans cette nouvelle déclinaison de concerto, une « peur » du piano a incité la compositrice à dépouiller celui-ci de ses propriétés séculaires. Clara Iannotta se concentre sur ses seules qualités sonores : le maintien d’un son, sa transformation par le jeu ou ses résonances, au point qu’ici, l’ensemble se comporte volontiers comme le soliste.

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Durée : 1h10 plus entracte